Comment Achraf Dari est passé de zéro à héros à Charleroi : “S’il n’était pas là, comment aurais-tu fait ?”
En 7 matchs, Achraf Dari a fait oublier le quiproquo des débuts grâce à son but à Courtrai et ses performances.
- Publié le 21-04-2024 à 09h23
- Mis à jour le 21-04-2024 à 09h24
Quoi de mieux qu’un but à la dernière seconde, telle une libération, pour s’ériger en, héros ? Dimanche dernier vers 17h45, la majorité des fans carolos a oublié l’affront qu’Achraf Dari avait commis envers leur club de cœur au dernier mercato hivernal.
Réticent à l’idée de venir à Charleroi, le défenseur central n’avait pas pris l’avion vers la Belgique le jour où ses futurs coéquipiers prenaient l’eau à l’Antwerp. Privilégiant une offre de la plus scintillante Liga, le joueur de 24 ans avait dû finalement se rabattre sur les Zèbres en raison d’une absence d’accord entre le Rayo Vallecano et Brest, à qui il appartient.
”Ma priorité a toujours été Charleroi, c’était mon choix numéro 1, avait-il martelé en toute diplomatie lors de sa présentation avant de concéder pourtant qu’il n’aurait pas dit non à d’autres offres supérieures. Il y a des agents qui vous appellent, qui vous font tourner à gauche ou à droite. Je suis heureux ici et je vais donner le maximum pour que le public, le coach et Mehdi (Bayat) soient fiers de moi.”
Sur ce point, celui qui a été formé au Wydad Casablanca a tenu parole. “Il a amené un plus tout de suite, alors que ce n’était pas évident, vu le tourbillon dans lequel le Sporting se trouvait, analyse Alex Teklak. S’il n’étaist pas là, comment aurais-tu fait avec toutes les blessures qui ont touché ce secteur ?”
L’hiver dernier, les Carolos voulaient “un défenseur athlétique et rapide” et ils l’ont obtenu même si sa vitesse n’est pas sa principale qualité sans qu’elle ne soit rédhibitoire. “Il ne va pas super vite, mais il n’est pas lent non plus. Son point fort, c’est qu’il ne se place pas dans des situations inconfortables où il devrait sprinter pour rattraper un joueur”, poursuit notre consultant.
Un jeu de tête ravageur
On l’a vu à Courtrai. Grâce à son placement et son sens de l’anticipation, Dari ne se laisse pas avoir. Une lecture du jeu optimale qu’il n’avait pas affichée lors de son baptême en Pro League face à Anderlecht sur les buts mauves, malgré un sursaut lorsqu’il avait réduit le score. Sa blessure aux ischios, au match suivant à Louvain, a contrarié ses débuts au point de le mettre sur la touche face à Genk et sur le banc à Westerlo après seulement trois mi-temps disputées sous les couleurs des Zèbres. “Le corps d’Achraf n’était pas préparé à enchaîner après avoir peu joué en première partie de saison”, avait plaidé Mazzù.
Depuis 4 rencontres, son outil de travail est prêt. Et s’il n’a rien pu faire dans le naufrage qu’a représenté ce déplacement à Gand pour clore la phase classique, sa fougue et sa détermination ont fait un bien fou. “Ça, je l’ai remarqué dès ses débuts. Il met beaucoup d’intensité et il a de l’engagement, même un peu trop mais ce n’était pas du luxe au vu du contexte carolo, réagit Teklak. Il a une certaine fougue en lui. Tu vois qu’il aime le contact et qu’il le cherche.”
Tu vois qu'il aime le contact et qu'il le cherche.
Parce qu’avec son excellent jeu de tête, l’international marocain peut se permettre d’affectionner les duels, qu’ils soient défensifs ou offensifs. “Sa détente verticale n’est pas extraordinaire mais son timing l’est. Et dans le rectangle adverse sur les phases arrêtées, c’est une menace. Tu vois dans son langage corporel qu’il est à l’affût.”
Il l’a été au meilleur des moments à la quatrième minute du temps additionnel au stade des Éperons d’Or au point de revêtir le costume de héros. Avec son but, Charleroi distance Courtrai de 8 points alors qu’il n’en reste que 12 à prendre. Le RWDM, son plus proche poursuivant, pointe à 6 unités et la rencontre face à Eupen doit permettre aux pensionnaires du Mambourg d’acter quasiment le maintien. Des qualités de buteur qui n’étaient pas inconnues pour ceux qui ont suivi la dernière Coupe du monde, où il avait trouvé le chemin des filets lors du match pour la troisième place perdu face à la Croatie.
Outre cet atout, le Zèbre possède également une flexibilité tactique. Dans le schéma du coach carolo avec sa ligne arrière à 4, Dari se sent bien et il sera encore l’un des hommes forts sur qui le matricule 22 va pouvoir compter. “Dans ce système, tu es plus exposé, mais il est aussi à l’aise que dans une charnière centrale à trois têtes, renchérit Teklak. C’est là où tu vois sa polyvalence et sa fiabilité, car si tu postais un Burgess dans une défense à 4, là tu verrais clairement le déficit de vitesse de l’Unioniste.”
Pour De Mil, Dari incarne également un exemple dans le vestiaire même s’il n’est pas du genre à causer à outrance. “C’est vraiment un leader. Sur le terrain mais pendant la semaine aussi, se félicite le technicien. Ça j’aime bien. Parce qu’il ne parle pas beaucoup mais avec sa mentalité, il montre au quotidien à ses coéquipiers le chemin à suivre.”
Il ne parle pas beaucoup mais avec sa mentalité, c'est un leader.
La courte idylle ne devrait pas se poursuivre
Des partenaires qui ne devraient plus être les mêmes la saison prochaine. Même si le prêt du Lion de l’Atlas semble se parachever vers une opération gagnante-gagnante. Charleroi a de bonnes chances de rester parmi l’élite l’an prochain et Dari a retrouvé un temps de jeu qu’il n’avait pas en première partie de saison à Brest (118 minutes en 4 matchs) et un niveau qui lui a déjà permis de retrouver l’équipe nationale en mars dernier, même s’il est resté sur le banc lors des deux amicaux face à l’Angola et la Mauritanie.
Pas au point d'envisager la poursuite de l’aventure au Mambourg. La location ne comportait pas d’option d’achat et même s’il y aura des discussions avec les dirigeants de Brest, un transfert définitif semble s’avérer utopique. Le salaire du joueur dans le Finistère ne colle pas au standing de ceux proposés à Charleroi. Surtout, Dari s’est refait une santé en Belgique, mais il ne compte pas y rester.
Viser plus haut à l’instar des Sambriens, bien conscients que le problème de la défense centrale reviendra en juin prochain. En attendant, ils ont presque assuré le minimum ensemble : un maintien qui devrait quasiment se dessiner entièrement ce dimanche.